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L'odyssée du sevrage

8 janvier 2019

Dépression : les antidépresseurs ne sont pas automatiques !

pilules roses

La dépression, en quelques points

La dépression est caractérisée par un ensemble de symptômes :

  1. Humeur dépressive = tristesse (blues, vague à l’âme, spleen, mélancolie, langueur, neurasthénie, etc.)
  2. Perte d’intérêt ou de plaisir
  3. Fatigue ou perte d’énergie (conséquence logique des deux premiers points mais particulièrement préjudiciable dans notre société).

 

Avec en général, au choix, non exclusif, troubles du sommeil, troubles de l’appétit, attitude morose (tristesse à nouveau ?), dévalorisation, baisse de la concentration, idées suicidaires, etc.

Le tout doit durer depuis plus de deux semaines quasiment en continu.

Plus de renseignements sur La dépression, fiche du Service de médecine de premier secours du HUG (Hôpital Universitaire de Genève), p.3.

 

Cependant, et cela n’engage que moi, si on se limite aux trois premiers points, on peut vite être classé dépressif. Or, entre avoir du mal à se lever le matin et ne pas se lever pendant plusieurs jours, il y a une différence notable. Il y a tristesse et tristesse, comme l’explique Juan David Nasio dans La dépression est la réaction à la perte d’une illusion, Cliniques 2012/2 (n°4), pages 100 à 113 (la mise en gras est de moi) :

 

Assurément, la tristesse est le signe dominant dans le vécu du patient déprimé, mais attention, il s’agit d’une tristesse bien différente de la tristesse normale. Nous avons tous éprouvé la tristesse normale, mais nous n’avons pas tous éprouvé la tristesse dépressive. La tristesse dépressive, qui s’immisce sournoisement comme un brouillard dans l’âme, est une émotion douloureuse, pesante, mêlée d’anxiété et d’angoisse, de susceptibilité et d’aigreur ; ce n’est pas une tristesse sereine, elle est amère et tourmentée. À la différence de la tristesse ordinaire, la tristesse dépressive est permanente, difficilement réductible, et inhibitrice de l’activité affective, mentale et physique du sujet. C’est une tristesse sans motif repérable – on ne sait pas d’où elle vient –, et lorsqu’on lui suppose un motif, il est souvent insuffisant pour expliquer son origine. 

 

C’est un envahissement, une prison dans laquelle nous nous sentons complètement démuni. On aurait également moins tendance à s’estimer dépressif ou à se laisser prescrire des antidépresseurs si l’on nous confrontait par exemple à la définition de la mélancolie :

 

État morbide caractérisé par un abattement physique et moral complet, une profonde tristesse, un pessimisme généralisé, accompagné d'idées délirantes d'autoaccusation et de suicide.

Définition issue du Cnrtl.fr.

 

 

Surconcommation d'antidépresseurs

 

Pourquoi les antidépresseurs sont-ils aussi largement prescrits aujourd’hui ?

Certes, la découverte de ce médicament est encore relativement récente, il a « aidé » de nombreuses personnes. Imaginez donc ce qui ressemble à un miracle : triste à en mourir, une pilule pendant un mois et vous pouvez à nouveau mordre à la vie et soulever des montagnes. Sur le papier, c’est magnifique. La réalité, nous allons le voir, est moins rose. Les nouvelles molécules utilisées sont censées provoquer beaucoup moins d’effets secondaires (qu’est-ce que cela devait être avant !).

 

La dépression et l’usage des antidépresseurs sont beaucoup trop souvent une échappatoire pour les patients, une solution de facilité pour les médecins de qui on attend trop souvent une solution clé en mains.

 

 

Une société d'efficients

 

Pourquoi consultons-nous ?

 

Tout malaise ou manque d’entrain est mal vu dans notre société où il nous faut nous présenter sous notre meilleur jour et sans cesse relever toujours plus rapidement des défis toujours plus nombreux. Une course qui peut conduire au burn-out. Et lorsque nous ne sommes pas un coureur, on se dévalorise : nous ne sommes pas assez bien pour entrer dans la course...

 

Or, la tristesse douloureuse est connue depuis des siècles.

De tout temps, il y a eu des mélancoliques et surtout des passages mélancoliques au cours de la vie. Cela fait partie de la panoplie des émotions de l’être humain. Et si cela existe, c’est qu’elle a sa raison d’être.

Un coup de mou, c’est avant tout un temps de repli sur soi où l’on peut faire le point sur sa vie et sur la vie en général. Ce n’est pas du temps perdu. En culpabilisant, non seulement on ne s'écoute pas, ce qui peut s'avérer extrêmement préjudiciable sur le plan physique (maladies psychosomatiques notamment), mais on donne raison à une société qui ne nous veut pas du bien.

La première psychologue que j’avais consultée m’avait expliqué que la dépression est une inadéquation entre les souhaits de l’âme et notre vie présente, entre nos aspirations les plus profondes et la réalité. Pourquoi vouloir échapper à ces questionnements, ces remises en question ? Toute la richesse de la vie s’y trouve. La vie est mouvement et changement permanent.

 

Nous vivons dans l'ère de la dictature du bonheur et de l'efficience pour tous. Lisez Happycratie, comment l'industrie du boneur a pris le contrôle de nos vies, d'Edgar Cabanas et Eva Illouz :

 

Le bonheur se construirait, s’enseignerait et s’apprendrait, [...] l'industrie du bonheur affirme pouvoir façonner les individus en créatures capables de faire obstruction aux sentiments négatifs, de tirer le meilleur parti d’elles-mêmes en contrôlant totalement leurs désirs improductifs et leurs pensées défaitistes.
Mais n'aurions-nous pas affaire ici à une autre ruse destinée à nous convaincre, encore une fois, que la richesse et la pauvreté, le succès et l’échec, la santé et la maladie sont de notre seule responsabilité ?

 

Ou écoutez Angèle dans sa chanson Tout oublier :

 

[le bonheur] n'existe pas sans son contraire,

[...] Est-ce une envie? Parfois, j'me sens obligée

[...] Le spleen n'est plus à la mode, c'est pas compliqué d'être heureux
C'est simple, sois juste heureux, si tu l'voulais, tu le s'rais

 

PS : il est évident mais encore faut-il le préciser, tout ceci concerne la dépression légère à modérée !

 

 

La prise d'un antidépresseur en question

 

Prendre un antidépresseur, c’est étouffer ces questionnements. C’est se mettre un bandeau sur les yeux tout en continuant à pédaler. Nous ne pouvons plus nous diriger dans la vie en accord avec nous-mêmes. Et tant que le conflit âme/réalité n’est pas résolu, l’âme trouvera d’autres moyens pour se faire entendre, comme une maladie psychosomatique pour laquelle les médecins ne vous diront : "Je ne peux rien vous donner, c'est dans la tête".

La médecine estime que prendre un antidépresseur permet de reprendre suffisamment de courage et d’énergie pour plonger au fond de soi. C’est à la fois vrai et faux : ressentir de la joie représente une force pour affronter des questionnements douloureux mais nous avons un accès totalement différent à nos ressentis.

 

Actuellement, le traitement préconisé dans le cas d’une dépression est soit des antidépresseurs et une psychothérapie, soit une psychothérapie uniquement. On réserve autant que possible les antidépresseurs aux dépressions les plus graves :

 

« Dans l’épisode dépressif léger, il existe une efficacité comparable entre un traitement médicamenteux antidépresseur, une psychothérapie et un suivi par le MPR. Ces traitements peuvent par ailleurs être complémentaires.  Le suivi devrait être rapproché, avec un accent sur l’adhésion thérapeutique, la gestion des difficultés émotionnelles, sociales et professionnelles, sans forcément introduire un traitement pharmacologique d’emblée.

(…)

 Pour un patient présentant un épisode dépressif moyen, le traitement recommandé inclut un traitement psychothérapeutique et/ou un traitement antidépresseur.

 

La combinaison de psychothérapie et de traitement médicamenteux antidépresseur est le traitement nécessaire en cas d’épisode sévère. »

Source : La dépression, fiche du Service de médecine de premier secours du HUG (Hôpital Universitaire de Genève), p.8-9.

 

Ce qui est une bonne nouvelle lorsque l’on sait que s’en sevrer peut être terriblement difficile, contrairement à ce que nous disent les médecins et, selon toute vraisemblance, les laboratoires qui leur vendent ce médicament : ceci fera l'objet d'un autre post.

 

 

 

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L'odyssée du sevrage
  • Paroxetine : antidépresseur dangereux ? Après un sevrage brut en août 2018 aux effets monstrueux, je commence mon sevrage par la méthode des 10 % en janvier 2019. J'ai 36 ans et 18 ans de paroxetine derrière moi !
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